La ville d’Uvira, au Sud-Kivu, a vécu une semaine noire. Ce qui a commencé par une montée de tensions a finalement dégénéré en affrontements sanglants entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et des éléments Wazalendo. Le dernier bilan officiel fait état de 10 morts, dont une femme, et 8 blessés. Mais derrière les chiffres se cache une réalité beaucoup plus complexe : la méfiance, la peur et les cicatrices d’une ville régulièrement prise en otage par les conflits armés.
Tout a commencé le lundi 25 août 2025. Des bus venus du Burundi, transportant des membres de la communauté Banyamulenge, ont été bloqués par les Wazalendo. Les passagers voulaient assister aux obsèques du colonel FARDC Patrick Kigabo et de son épouse.
Même si l’incident n’a pas dégénéré en affrontement direct, il a suffi à rallumer des braises encore chaudes dans une région où la cohabitation entre communautés reste fragile.
Le lendemain, mardi 26 août, tout a basculé.
À Kavimvira, poste frontalier d’Uvira, un échange de tirs a éclaté en pleine journée. Le choc a été violent : cinq Wazalendo tués sur place, plusieurs autres blessés, et même un soldat FARDC touché. Dans la confusion, 14 combattants Wazalendo incontrôlés ont été arrêtés par l’armée, puis remis à leurs chefs pour « recadrage ».
Comme souvent dans ce genre de crise, les bilans divergent.
Les FARDC ont d’abord parlé de 11 morts.
D’autres sources locales ont évoqué 5 morts et 3 blessés.
Finalement, le maire intérimaire d’Uvira, Kirafa Kapenda, a tranché : 10 morts et 8 blessés.
Ce décalage illustre bien la confusion qui entoure encore ces événements.
Dès le 28 août, les marchés et le transport ont timidement repris. Les habitants recommencent à vaquer à leurs activités, mais avec une inquiétude sourde. Beaucoup craignent que cette accalmie ne soit qu’une illusion avant de nouveaux affrontements.
Le maire appelle au renforcement de la sécurité, à la lutte contre les rumeurs et surtout à la collaboration des habitants pour éviter de retomber dans le chaos.
Ces accrochages à Uvira rappellent que le partenariat fragile entre FARDC et Wazalendo n’est jamais à l’abri de dérapages. Ces groupes censés défendre le pays contre les menaces extérieures se retrouvent parfois face à face, au détriment des civils pris en étau.
Pour les habitants d’Uvira, chaque fusillade est une piqûre de rappel : la paix est encore loin d’être acquise dans l’Est de la RDC.